Enregistré dans les montagnes du Rif à l’automne 2019, ce nouvel album du légendaire collectif Master of Jajouka est le dernier témoignage d’une musique nourrie de siècles de tradition.
Au pied des chaînes du Ahl Srif au nord du Maroc se trouve un village appelé Jajouka. C’est en son sein que le collectif The Masters Musicians of Jajouka, composé d’une cinquantaine de musiciens Jbala, s’est donné pour mission de préserver et de faire connaître la musique traditionnelle soufi de leur village. On peut remonter à plus de mille ans les origines de cette musique de transe.
Si Jajouka est notoirement difficile d’accès -le village ayant été pendant de longues années quasi inaccessible-, le groupe a malgré tout su se faire connaître, ayant suscité l’intérêt de nombreuses artistes au fil du temps. L’écrivain postmoderniste William Burroughs, a ainsi décrit le collectif -avec un certaine forme d’exagération – comme « le groupe de rock and roll vieux de quatre mille ans ». D’autres musiciens célèbres ont également croisé la route du groupe soufi. C’est le cas de Brian Jones, fondateur des Rollings Stones avec qui les musiciens jbala ont réalisé Brian Jones Presents the Pipes of Pan at Joujouka.
Au début des années 1990, le collectif se scinde en deux factions. Bachir Attar, fils de Hadj Abdesalam Attar, reprend les rênes de son père pour former un groupe sobrement appelé the Master Musicians of Jajouka led by Bachir Attar. Son cousin Ahmed Attar a, quant à lui, pris la tête de l’autre faction qui conserve le nom de Masters Musicians of Joujouka.
Depuis, Bachir Attar s’est décidé à faire rayonner sa musique née d’une tradition millénaire au-delà de ses frontières en collaborant notamment avec Maceo Parker et Lee Ranaldo, ou encore Talvin Singh dans les années 2000.
En 2019, dans les montagnes du Rif, le groupe enregistre un album de 110 minutes comprenant neuf morceaux dont la quasi-totalité durent plus de 10 minutes chacun. Dans ce disque, on retrouve différentes traditions de la musique de Jajouka (hymnes, flûtes, violons, chant) enregistré dans leur madrassa en mettant à profit un équipement de dernier cri. Ce travail gargantuesque a donné naissance à Dancing Under the Moon, un album intense au son envoûtant. Mais ce disque est surtout une ode au mysticisme et au charme spirituelle de Jajouka.
Dancing Under the Moon est prévu pour le 13 mai prochain via Glitterbeat Records